La quarante-cinquième d’Angoulême

Du 25 au 28 janvier 2018, Angoulême organise son 45e festival annuel de la bande dessinée, un rendez-vous international qui ne doit pas faire oublier les difficultés dun grand nombre dauteurs de BD.

Le festival d’Angoulême est à ce point devenu incontournable que désormais, le nom de la ville suffit à désigner l’événement. Les bédéphiles disent simplement « Angoulême » comme d’autres se contentent d’évoquer « Cannes » ou « Le Mans » selon leurs centres d’intérêt.

Cette quarante-cinquième édition prolonge une histoire fantastique qui vit le jour en 1974 où presque par hasard, mais avec la volonté farouche des quelques passionnés, la bande dessinée choisit d’élire domicile dans la capitale de la Charente. L’époque était bien choisie. La bande dessinée n’était plus perçue comme une simple distraction pour enfants, mais comme un genre littéraire à part entière porté par des géants comme Hergé, Franquin et Goscinny entre autres. On parlait même de neuvième art.

Le passage d’Hergé à Angoulême en 1977 fit définitivement du festival un événement majeur de sa discipline. Tous les grands noms de la case et de la bulle défilent désormais chaque année et à chaque fin du mois de janvier, plus de 200.000 visiteurs envahissent pendant quatre jours la paisible Angoulême et ses 45.000 habitants.

La ville s’est quand à elle entièrement offerte à la BD. De magnifiques fresques dessinées ornent les vieux murs de la cité, les principales artères piétonnes du centre-ville ont pour noms la rue Hergé et la rue Goscinny (et une salle d’exposition porte le nom de Franquin), les plaques indiquant les noms de rue ont des formes de phylactères, les statues du Lucien de Margerin rivalisent avec les monuments plus conventionnels et surtout, Angoulême abrite depuis 1984 le plus grand musée français de la bande dessinée.

Cette année, c’est le Suisse Cosey qui préside le festival. La tradition a en effet établi que le vainqueur du Grand Prix de l’édition précédente préside la suivante et dessine de surcroît l’affiche officielle. Le père de Jonathan est également l’objet d’une exposition à l’hôtel Saint-Simon.

Tandis qu’une multitude de prix sont distribués entre professionnels, le public est invité à parcourir plusieurs exposition. Outre Cosey, donc, on aura le choix entre Naoki Urasawa et Gilles Rochier à l’espace Franquin, une rétrospective du Alix de Jacques Martin, le Titeuf de Zep sur le parvis de l’Hôtel de ville et bien d’autres encore, consacré tant à la BD franco-belge qu’aux comics et au mangas.

Malgré l’émerveillement qu’elle suscite chez les jeunes de 7 à 77 ans, le monde de la bande dessinée cache aujourd’hui beaucoup de souffrance. Selon une enquête initiée par les Etats Généraux de la Bande Dessinée en 2016 (PDF), plus de 50% des auteurs vivent en moyenne en dessous du smic malgré un travail des plus chronophages. En 2015, dans la foulée d’une grève au Quai des Bulles de Saint-Malo, un grand nombre d’entre eux avaient entrepris une marche de contestation qui avait dévoilé un malaise grandissant dans les coulisses d’une industrie florissante.

Quelques grincement de dents n’ont pas manqué d’émailler ces dernières années le festival. La bande dessinée ne sera jamais un monde aussi lisse que celui du cinéma ou aussi feutré que celui de la littérature, celle des livres sans images s’entend.

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